Le contexte :
Historiquement, les rencontres entre l'Ajax et AZ ont la plupart du temps été des « derbys » de Hollande du Nord insignifiants, au même titre que les rencontres entre l'Ajax et le FC Volendam. La suprématie régionale de l'Ajax était incontestable et AZ n'était au mieux qu'une proie facile permettant à son voisin amstellodamois d'assoir sa suprématie nationale, quand les deux clubs avaient l'occasion de se croiser en Eredivisie...
Mais la situation a changé ces dernières années. L'Ajax ne domine plus au niveau national et avec le retour sur le devant de la scène du club d'Alkmaar, les matchs entre l'Ajax et AZ sont redevenus un enjeu régional et même un enjeu national pour les deux clubs. C'est d'autant plus vrai pour AZ, qui a à cœur de prouver qu'il a maintenant dépassé son voisin qui lui a fait si longtemps de l'ombre. Et autant dire que le titre de champion remporté la saison dernière leur a donné des ailes à ce niveau-là.
Bref, AZ - Ajax fait dorénavant partie des gros matchs de la saison, pour les clubs et pour les supporters. Mais pour cette édition d'octobre 2009, d'autres ingrédients se sont rajoutés, surtout du côté d'AZ. Pour l'Ajax, c'est le premier match d'une série de 3 gros matchs en championnat, puisque Feyenoord et le FC Twente sont ensuite les prochains adversaires, sans parler du Dinamo Zagreb entre deux. Autrement dit, c'est le moment de vérité de cette première partie de saison.
Pour AZ, c'est bien différent. Après 10 journées, l'équipe de Ronald Koeman est déjà décrochée des leaders du championnat, puisque avant ce choc contre l'Ajax, les champions en titre ont déjà perdu autant de matchs qu'ils en ont gagnés : 5 ! En plus des problèmes sportifs, le club est également en pleine turbulence. La DSB Bank, le principal sponsor du club, a fait faillite en début de semaine et entrainée avec elle la faillite de son propriétaire, Dirk Scheringa, qui est également le président et propriétaire d'AZ. AZ joue donc actuellement sans sponsor sur son maillot et l'avenir financier du troisième plus gros budget du football néerlandais est très incertain.
Pour rajouter un peu de piment à ce match, cette rencontre marque également le retour de Demy de Zeeuw - sous les couleurs de l'Ajax - à Alkmaar, qu'il a quitté en début de saison pour la plus grande déception des supporters locaux qui n'ont pas compris et/ou apprécié son choix. Interviewé en début de semaine, De Zeeuw a justement expliqué ses motivations, arguant que c'était le bon moment pour franchir une nouvelle étape, d'autant plus que le remplacement de Louis van Gaal par Ronald Koeman n'augurait rien de bon d'après le milieu de terrain. Par conséquent, il a aussi déclaré qu'il n'était pas surpris des mauvais résultats de son ancien club. Des propos qui en eux-mêmes n'étaient en rien irrespectueux, mais qui étaient évidemment embarrassants pour les ambitions d'AZ mais aussi pour Ronald Koeman, qui s'est dit choqué par les propos irrespectueux du joueur, tout en en annonçant qu'il afficherait une citation de De Zeeuw extraite de l'interview dans le vestiaire pour motiver ses joueurs contre l'Ajax.
Le match :
L'Ajax s'est finalement imposé 4 à 2, et Martin Jol a très bien résumé le match de son équipe : « En première mi-temps nous avons tous été mauvais, en deuxième mi-temps nous avons tous été bons. » « J'ai rarement vu un aussi grand contraste qu'aujourd'hui, » a également expliqué l'entraîneur de l'Ajax après ce match où effectivement, la différence de physionomie entre les deux mi-temps fut impressionnante.
Une des questions est donc de savoir ce qu'il s'est passé à la mi-temps. Une chose est certaine, c'est que Martin Jol a remplacé l'attaquant Marko Pantelic par le milieu de terrain Gabri, et que l'Ajax, alors mené au score 1 à 0, a inversé la tendance jusqu'à mener 4 à 1 45 minutes plus tard. Cet ajustement de l'entraîneur de l'Ajax n'avait rien de tactique d'après Ronald Koeman, qui a expliqué que ce bouleversement de situation était uniquement le fait d'erreurs individuelles. Ses joueurs n'étaient visiblement pas sur la même longueur d'onde, à l'image des sous-entendus du défenseur belge Gill Swerts, sensé marquer Suarez lors du 2-1 : « En général, pour chaque but il y a une faute individuelle auparavant. »
Pourtant, en première mi-temps, AZ avait le meilleur sur son adversaire d'un point de vue tactique, même s'il faut aussi dire qu'AZ était au dessus sur tous les plans. Koeman a fait jouer l'Australien Brett Holman en tant que milieu offensif, ce qui fait qu'Eyong Enoh était débordé et le milieu de terrain ajacide, en pratique complété par Emanuelson et De Zeeuw, était inexistant. L'Ajax n'arrivait pas à conserver le ballon et AZ ne faisait donc que d'aller et venir, avec notamment Dembélé qui se jouait assez facilement d'Anita sur le flanc gauche de la défense.
L'Ajax a donc logiquement fini par céder. Après une première très grosse alerte (un poteau de Schaars), une passe dangereuse d'Emanuelson est facilement interceptée, et Holman lancé sur le côté droit passe pour El Hamdaoui qui ouvre le score à la 28e minute de jeu. Heureusement, bien que dépassé, l'Ajax a réussi à finir la mi-temps sans encaisser d'autres buts, qui n'auraient pourtant pas été immérités.
A la mi-temps, Pantelic a donc laissé sa place à Gabri, qui a renforcé le milieu. Suarez, qui avait en fait erré sur l'aile gauche en première mi-temps, a ainsi pris la place d'avant centre ce qui a également permis à Emanuelson d'avoir un rôle plus offensif sur le côté gauche. Mais donc rien de tactique dans tout cela selon Ronald Koeman : « Le 1-1 et le 2-1 de l'Ajax sont des erreurs individuelles de mes joueurs. »
Ce n'est pas complètement faux : lors de l'égalisation (57e), le gardien Sergio Romero était effectivement trop avancé quand Emanuelson a tenté sa chance à plus de 30 mètres du but, sur les conseils de l'entraîneur des gardiens, Carlo L'Ami, qui avait noté avant ce match cette tendance qu'à le gardien mexicain à s'avancer. Et la défense locale fut également bien passive sur le centre de Rommedahl, une minute plus tard, qui a permis à Suarez de donner l'avantage à son équipe d'une frappe du gauche dans la lucarne. Mais Koeman oublie de dire que l'Ajax avait pris le dessus sur son équipe dès le retour des vestiaires, et ne parle pas des deux occasions de Suarez avant le but d'Emanuelson.
Et même le capitaine d'Alkmaar, Stijn Schaars, a en quelque sorte désavoué son entraîneur : « La différence entre la première mi-temps et la seconde est complètement lié à ce changement. L'Ajax nous a surclassés après la pause. » Les deux buts concédés en deux minutes n'ont évidemment rien arrangé pour AZ, déjà fragile mentalement. La fin du match fut ainsi un calvaire pour AZ et ses supporters, dont les sifflés systématiques et les insultes envers De Zeeuw n'ont pas empêché ce dernier de contribuer au troisième but de l'Ajax, qui n'est autre que la conclusion d'un une-deux entre De Zeeuw et Van der Wiel, après une bonne récupération de balle de Gabri (65e).
Van der Wiel, en plus de son but, s'est aussi fendu d'une passe décisive dans les arrêts de jeu, après avoir dribblé Simon Poulsen. Le centre de l'arrière droit a trouvé Suarez au second poteau, qui a ainsi soigné ses statistiques en marquant son 15e but en 11 matchs de championnat, son 20e en 17 matchs cette saison : 1-4, 91e.
Mais cette semaine, l'Ajax n'était décidément pas très concentré lors des arrêts de jeu puisqu'encore une fois, les amstellodamois ont encaissé un « but de consolation » dans les dernières secondes du match, en l'occurrence une retournée de Graziano Pellè. 2-4, score final. La meilleure réponse que Demy de Zeeuw pouvait espérait après la polémique suscitée par ses propos avant le match. |